Félicie de FAUVEAU (1801-1886)

Projet de monument à Bonnechose, 1832
Encre, aquarelle sur fond lithographique avant la lettre, tiré sur vélin naturel
52 x 18 cm
Signé et daté dans le corps du texte

Vendu

Femme sculpteur, Félicie de Fauveau fut une représentante majeure du style troubadour en France. Sous l’influence du peintre Ary Scheffer, elle chercha très tôt l’inspiration dans une nostalgie médiévale qui la fascinait. Royaliste de conviction, elle entretenait une amitié sincère avec la duchesse de Berry. Ses atours, volontairement masculins, et sa relation intime avec Félicie de Duras, marquise de La Rochejaquelein, marquèrent profondément les esprits de son temps. Proche des cercles légitimistes, elle s’engage dans l’insurrection vendéenne de 1832 qui voulut restaurer les Bourbons sur le trône de France aux dépends de Louis-Philippe.

Durant cette période troublée, elle fit la connaissance d’un jeune page de Charles X, âgé de vingt-et-un ans qui, revenu d’exil pour se joindre à la révolte, fut blessé puis capturé par les soldats de Louis-Philippe le 21 janvier 1832. Le jeune Louis-Charles de Bonnechose mourut de ses blessures dix jours plus tard. Félicie fut arrêtée à son tour, accusée de haute trahison, puis emprisonnée pendant plusieurs mois. Seule dans sa cellule de Fontenay-le-Comte, ayant demandé et obtenu des crayons et des encres, elle réalisa à même le mur un projet de monument en mémoire du jeune martyr. Finalement acquittée après un procès où elle se défendit seule, elle ne réalisa jamais le monument dans sa version sculptée. Tracé à l’encre et enluminé sur une feuille de vélin, le projet que nous présentons montre l’archange saint Michel terrassant le dragon à tête de coq. Le groupe principal s’inscrit dans un simulacre d’architecture à pinacle sur lequel se développe un texte revendicatif en lettres gothiques. Le gallinacé, symbole ancien de la France, avait été choisi durant la monarchie de Juillet en remplacement de la fleur de lys dynastique et c’est donc cette nouvelle France régicide que l’artiste choisit de terrasser par l’intermédiaire de l’archange. Félicie de Fauveau abandonna l’idée d’un groupe sculpté et fit lithographier son projet en 1833 à Paris par PierreAlexandre Lapret. Cette épreuve sur vélin avant la lettre (les mentions en partie basse sont absentes) intègre des ajouts et variations tels que le blason, l’étoile lumineuse au sommet ou les volutes bleues dans le fond. Enluminée entièrement à l’aquarelle et encre or de la main de Félicie de Fauveau, elle reste le témoignage unique et le plus personnel du projet original.

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