Évariste Vital LUMINAIS (1821-1896)

Étude de tête de jeune fille, vers 1880
Huile sur toile
33 x 24 cm
Signé du monogramme de l’artiste E.L

Vendu

Se détachant sur un fond gris, une jeune fille aux cheveux blonds, attachés, baisse la tête. Le regard absent, elle serre les lèvres et semble rétive. Véritable tête d’expression, cette étude est due aux pinceaux du peintre Évariste Vital Luminais dont la toile la plus célèbre, Les Énervés de Jumièges, est conservée au musée des Beaux-Arts de Rouen. 

Né à Nantes en 1821, Évariste Vital Luminais a dix-huit ans lorsqu’il entre à l’École des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier de Léon Cogniet. Par la suite, il fréquente Constant Troyon, paysagiste et peintre animalier, qui deviendra son véritable maître. Il débute au Salon de 1843 avec une Scène de guerre civile, en Basse-Bretagne, sous la République puis en exposant plusieurs peintures aux sujets inspirés par sa région natale. Dès 1848, il semble déjà s’intéresser à l’histoire des Gaulois comme peut en témoigner le titre de l’œuvre qu’il expose cette année-là : Déroute des Germains, après la bataille de Tolbiac. Fasciné par Jules César et la Guerre des Gaules, le nouvel empereur Napoléon III plébiscite les œuvres qui illustrent cette période de l’histoire. Jusqu’à la fin du Second Empire, Luminais apparaît au Salon en exposant des paysages, des peintures illustrant la vie des pêcheurs bretons et quelques sujets d’histoire. Ce n’est réellement qu’après 1870 et suite à l’instauration de la Troisième République que le peintre se spécialise dans l’illustration des thèmes tirés de l’histoire gauloise et mérovingienne. Ces deux périodes s’inscrivent parfaitement dans le mouvement de réécriture du « roman national », véritable construction mythifiée de l’histoire de France destinée à l’instruction d’un public populaire. Propres à illustrer les discours des manuels d’histoire, les œuvres de Luminais sont régulièrement acquises par l’État sous la Troisième République. 

L’Étude de tête de jeune fille peut être rapprochée d’une toile intitulée Les Captives, vendue chez Christie’s à New York en 1982. L’œuvre représente des cavaliers gaulois venant d’enlever un groupe de femmes. Au premier plan, l’une des captives, retenue sur un cheval blanc, se débat entre les bras d’un guerrier gaulois. Plus loin, deux femmes attachées avancent les pieds dans l’eau et la tête baissée. Celle de gauche, vêtue d’une longue robe blanche, pourrait correspondre à la figure définitive pour laquelle l’Étude de tête de jeune fille serait préparatoire.

É. V. Luminais, Les Captives, vers 1880, huile sur toile, vente anonyme, New York, Christie’s, 26 février 1982, n° 18

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