Eugène DELACROIX (1798-1863)

Desdémone maudite par son père, vers 1839
Encre et craie blanche sur papier brun
24,5 x 31
Cachet de la vente d’atelier en bas à gauche (L.838a)
Ancienne collection A. Robaut, ancienne collection Cheramy
Reproduit dans L’œuvre complet d’Eugène Delacroix, par A. Robaut

Vendu

Les œuvres de Shakespeare connaissent en France un engouement sans précédent à l’époque romantique. Othello ou le Maure de Venise, publié en 1604, est revisité à l’opéra en 1816 par Gioacchino Rossini. L’histoire évoque l’amour de la belle Desdémone (interprétée en France par la Malibran) pour Othello, un général maure au service de Venise. Suite aux manigances de Iago, un autre officier éconduit par la belle, Othello devient fou de jalousie et étrangle Desdémone avant de se poignarder de désespoir. Delacroix s’inspira de cette pièce, et plus probablement de l’opéra qui en découle, pour peindre en 1839 un tableau dont le titre complet est Desdémone aux pieds de son père qui veut lui donner sa malédiction pour avoir secrètement épousé Othello. Cette scène, totalement absente du texte original, imagine la colère du père de Desdémone qui lui reproche d’avoir épousé secrètement le Maure Othello. Le peintre exploita le sujet une nouvelle fois en 1852 pour un second tableau, aujourd’hui conservé au musée de Reims.

Le dessin préparatoire à l’encre met en évidence la tension dramatique de la scène en opposant les deux figures principales de part et d’autre d’une diagonale tracée à la craie blanche. Un quadrillage en huit parties sépare le père et sa fille en concentrant l’œil du spectateur sur le geste des mains et la confrontation des regards. Le décor et les personnages secondaires, présents dans la toile, ne sont évoqués ici que par de simples hachures énergiquement tirées à l’encre brune.

Alfred Robaut (1830-1909) acquit ce dessin pendant la vente d’atelier qui fut organisée en février 1864 à la suite du décès de Delacroix. Ce collectionneur, qui était également artiste, vouait une véritable passion pour le peintre romantique. Il rédigea le premier catalogue raisonné de l’œuvre de Delacroix qui fut publié en 1885 et dans lequel est reproduit ce dessin sous le numéro 699. À cette occasion, il propose la date de 1839 plutôt que celle de 1852. Plus tard, il se sépare de la feuille au profit de Paul-Arthur Cheramy (1840-1912), célèbre collectionneur. Il existe dans le fonds des Arts graphiques du musée du Louvre un second dessin de même composition, mais au crayon (RF 9360, verso).

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