Élie-Honoré MONTAGNY (1782-1864)

Herminie chez les bergers,vers 1805-1810
Lavis d’encre sépia sur papier
17 x 24 cm
Signé en bas à gauche sur le montage E. Montagni

Né à Paris en 1782, Élie-Honoré Montagny est l’héritier d’une dynastie d’artistes originaires de Saint-Étienne. Son père Fleury, ses oncles Philibert et Clément de même que son grand-père Jean furent tous graveurs-ciseleurs. Formé en premier lieu par son père qui travaille alors avec Augustin Dupré à la manufacture d’armes de Versailles, le jeune Élie-Honoré rejoint l’atelier de David en 1794. L’archéologue et administrateur du Louvre Ennius Quirinus Visconti le remarque en 1801 et lui propose de partir en Italie pour réaliser des illustrations d’après l’antique. Sur sa recommandation, il est accueilli en 1804 par Joseph Benoît Suvée, directeur de l’Académie de France à Rome nouvellement installée dans les murs de la Villa Médicis. Très rapidement, Montagny se rend dans la région de Naples pour découvrir les ruines de Pompéi et Herculanum. Le Getty Research Institute conserve un recueil de dessins d’après l’antique composé par Montagny à Herculanum entre 1804 et 1805. Il est fort probable que l’artiste rencontre la reine Caroline Murat durant ce premier séjour et que l’impression qu’il fait sur elle soit suffisamment vive pour qu’elle le nomme peintre officiel de la cour de Naples et lui confie la réalisation de plusieurs grands décors pour son palais. Les thèmes abordés par l’artiste sont largement puisés dans la mythologie gréco-romaine mais également empruntés à Dante ou au Tasse. 

Les œuvres de Montagny sont rares et peu étudiées mais celles connues semblent avoir été réalisées principalement durant son séjour italien. Le dessin au lavis illustrant l’épisode d’Herminie chez les bergers doit dater de cette période. Le Tasse, lorsqu’il publie La Jérusalem délivrée en 1580, décrit au septième chant l’irruption de l’héroïne : « A la vue soudaine d’armes inconnues, ils se troublent et s’effraient ; mais Herminie les salue et les rassure : heureux bergers, dit-elle, continuez vos jeux et vos ouvrages ; ces armes ne sont pas destinées à troubler vos travaux et vos chants. » Herminie est une princesse amoureuse de Tancrède, le héros du poème. Devenue jalouse, elle vole les armes de sa rivale et se réfugie chez une famille de bergers. Montagny représente Herminie revêtue d’une armure au centre d’une composition resserrée et fourmillant de détails. Le style du dessin évoque l’art des artistes néo-classiques de la fin du siècle précédent, tels Bégnine Gagneraux ou Charles-Paul Landon. 

À la chute des Murat, Élie-Honoré Montagny quitte Naples et rentre à Paris. Il y ouvre un atelier et expose régulièrement au Salon, tant des dessins et des peintures que des sculptures et des médailles. L’un de ses chefs-d’œuvre, le grand dessin exposé au Salon de 1824 représentant Caron frappant de sa rame les âmes qui n’entrent pas promptement dans sa barque,est aujourd’hui conservé au musée des Beaux-Arts de Rennes.

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