Charles-Auguste-Émile DURANT, dit CAROLUS-DURAN (1837-1917)

La Dernière heure du Christ, entre 1878 et 1894
Huile sur toile
67 x 87,5 cm
Signé en bas à droite

Vendu

Charles-Émile-Auguste Durant est né à Lille en 1837. Fils d’un aubergiste, il se forme d’abord auprès du peintre François Souchon puis à seize ans s’installe à Paris et choisit le pseudonyme de Carolus-Duran. Ses premières œuvres exposées au Salon de 1859 sont influencées par le réalisme de Gustave Courbet et attirent l’attention d’une nouvelle génération d’artistes. Édouard Manet, Henri Fantin-Latour et Félix Bracquemond deviennent ses amis. Avant de se rendre en Espagne où il découvre Velasquez, Carolus-Duran voyage en Italie entre 1862 et 1865. À Rome, il trouve le sujet de son premier succès : L’Assassiné, souvenir de la campagne de Rome qu’il expose à son retour pour le Salon de 1866. C’est également durant ce premier séjour italien qu’il conçoit le projet d’une œuvre ambitieuse qu’il mettra cinquante ans à terminer : La Dernière heure du Christ. Déportée sur la gauche, plantée à la base d’un tertre, la croix sur laquelle Jésus est supplicié domine la composition. À ses pieds, la foule des fidèles et les soldats romains assistent à ses derniers instants. Madeleine, dévastée, étend les bras en direction de son sauveur pendant que Marie, vêtue de blanc, se détache immobile d’un groupe de figures sombres. Sur la droite, deux cavaliers romains lèvent un étendard ocre jaune secoué par le vent de la tempête qui s’annonce. La toile, cintrée en partie supérieure, est plongée dans les ténèbres. Cette grande esquisse pourrait être celle exposée au musée du Luxembourg en 1919 sous le titre Première étude pour La dernière heure du Christ (n°39) et datée de 1878. Elle reste cependant très proche, dans sa composition, d’une autre œuvre exposée par le peintre au Salon de 1894 et reproduite par la gravure et la photographie. Elle emprunte sa matière épaisse et son souffle à Delacroix. Les deux cavaliers romains sont directement inspirés par L’Entrée des croisés à Constantinople, chef-d’œuvre du maître romantique peint en 1840. D’une grande puissance dramatique, les œuvres religieuses de Carolus-Duran ponctuent tout au long de sa carrière une production plus conventionnelle de portraits mondains qui font sa fortune. À la fois proche des impressionnistes et des académistes, il accumule les honneurs. Membre permanent du jury du Salon puis de l’Académie des Beaux-Arts, il est finalement nommé directeur de la Villa Médicis en 1905 alors qu’il n’a jamais remporté lui-même le Grand Prix. Quatre ans avant sa mort, le peintre expose une dernière version de La Dernière heure du Christ. Cette peinture, probablement la plus aboutie, semble aujourd’hui disparue.

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