Benjamin ULMANN (1829-1884)

Étude de femme pour La Sirène, vers 1875-1879
Sanguine, pierre noire et gouache blanche sur papier
56 x 24 cm
Cachet de la signature en bas à gauche 

Vendu

Né à Blotzheim dans le Haut-Rhin, Benjamin Ulmann reçoit ses premières leçons auprès de son père, le peintre alsacien Abraham Ulmann. Arrivé à Paris à l’âge de huit ans, il est admis à l’École des Beaux-Arts en 1846 et fréquente l’atelier de Drolling jusqu’à la mort de ce dernier puis rejoint celui de Picot. Tout en préparant le concours pour le Prix de Rome, il débute au Salon en 1855 avec Dante aux enfers. Après deux échecs et un second prix en 1858, Ulmann est finalement lauréat en 1859 et part pour cinq années à la Villa Médicis où il retrouve Jean-Jacques Henner, également alsacien et ancien élève de Drolling. Durant son séjour, il fait plusieurs envois au Salon dont le dernier, Sylla chez Marius, est acquis par l’État en 1866. De retour à Paris, il reçoit la commande des décors de la Cour de cassation. 

Comme tous les autres peintres d’origine alsacienne, Benjamin Ulmann souffre des conséquences de la guerre de 1870 et du rattachement de sa région à l’Allemagne. Les toiles qu’il expose à partir de cette époque deviennent plus politiques à l’image de son tableau intitulé Le Pillage d’une ferme en Alsace. L’œuvre, qui représente la cruauté des Prussiens, fut d’abord accrochée au Salon de 1872 avant d’être retirée sur ordre du ministère. Dès lors, son attachement à l’Alsace sera mis en avant par des choix thématiques plus littéraires. Sa toile illustrant la légende d’Ondine et le pêcheur d’après Goethe en 1876 ainsi qu’une aquarelle représentant la Loreley de Heine, exposée au Salon de 1880, font toutes deux référence aux mythes germaniques de son enfance. Une autre toile, simplement connue par une reproduction photographique publiée en 1879 par Boussod, Valadon et Cie, s’attache, elle aussi, à la représentation d’une divinité aquatique. Titrée simplement La Sirène, elle montre une femme entièrement nue sortant de l’eau les bras écartés à la vue d’un jeune homme. Il pourrait s’agir dans ce cas particulier d’une référence au conte des frères Grimm, L’Ondine de l’étang

Une grande feuille de l’artiste, excellent dessinateur, montre une étude très aboutie pour le personnage de la sirène. Principalement tracée à la sanguine, relevée de gouache blanche, la figure féminine, aux longs cheveux noués, se tient de dos, les genoux posés sur des coussins et le bras gauche tendu vers le ciel. La réalisation du dessin, d’après un modèle vivant dans l’atelier, peut en soit expliquer les légères différences entre l’étude et l’œuvre définitive. Pour conserver cette pose inconfortable suffisamment longtemps, la jeune femme devait se tenir à une corde de la main gauche et à une barre de bois de la main droite.

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