Auguste LEROUX (1871-1954)

Le Banquet sanglant du marquis Fabrice, vers 1898
Huile sur toile
50 x 61 cm
Provenance : fonds d’atelier Auguste Leroux ; vente du 31 janvier 1995, Paris, hôtel Drouot, Millon et Cl. Robert, lots 260 ou 261 (tous les deux décrits comme « Étude de massacre. Huile sur toile, non signée. 50 x 61 cm ») ; marché de l’art bordelais ; collection particulière parisienne depuis la fin des années 1990
Porte sur le châssis le tampon Auguste Leroux (Lugt 5653)
Marque de toile Paul Foinet

Vendu

Trente sur les crochets et douze sur le pal
Expirent au-dessus du porche principal 
Tandis qu’en joyeux chants les vainqueurs se répandent,
Auprès de ces poteaux et de ces croix où pendent
Ceux que Malaspina vient de supplicier,
Corbeaux, hiboux, milans, tout l’essaim carnassier,
Venus des monts, des bois, des cavernes, des havres,
S’abattent par volée et font sur les cadavres
Un banquet, moins hideux que celui d’à côté.

Ces vers de La Confiance du marquis Fabrice, dont s’inspire le peintre Auguste Leroux, sont puisés dans La Légende des siècles de Victor Hugo, publié en 1859 par Hetzel. L’histoire se déroule en Ligurie et a pour trame le drame du marquis Fabrice d’Albenga, un vieillard candide de quatre-vingts ans. Ce dernier est le tuteur de sa petite fille Isora de Final dont les richesses sont convoitées par le faux empereur Ratbert qui s’invite au château. La toile au sujet macabre représente une cour dans laquelle a été dressée une grande tablée. Petit à petit, l’œil comprend que le long des hautes façades de pierre, les lignes verticales correspondent des corps pendus à des cordes. Sur la gauche, une nuée de rapaces vient se repaître des dépouilles ainsi exposées. Les corps suppliciés sont ceux des occupants du château que Ratbert a fait passer au fil de l’épée. L’œuvre est à mettre en rapport avec le tableau Les deux têtes, dont l’esquisse fut présentée au Salon de 1899 et qui représente une scène tirée de la section XV du même poème dans laquelle l’archange vient de punir Ratbert au moment même du supplice de Fabrice. Les deux toiles, aux décors presque identiques, se différencient par leurs ambiances, l’une diurne et l’autre nocturne, mais surtout par leur animation. La scène plongée dans la pénombre est marquée par la présence de figures surnaturelles, une statue vengeresse et un oiseau à tête de vieillard. 

Auguste Leroux est le fils du marchand et éditeur d’estampes Gustave Ferdinand Leroux et le frère du peintre Georges Leroux. Il se forme à l’École des Arts décoratifs puis à l’École des Beaux-Arts sous la direction du peintre Léon Bonnat. En 1894, il obtient le Prix de Rome grâce à Judith présentant la tête d’Holopherne aux habitants de Béthulie conservé au Beaux-Arts de Paris et devient pensionnaire de la Villa Médicis pour trois années, de 1895 à 1898. Rentré à Paris, Auguste Leroux mène une carrière de peintre, d’illustrateur et de décorateur. Il participe notamment au décor en mosaïque de la chapelle de la Vierge de la basilique du Sacré-Cœur à Montmartre. Dans les années 1990, plusieurs ventes comprenant le fonds d’atelier d’Auguste Leroux, ainsi que celui de son frère Georges et de sa fille Lucienne, eurent lieu à l’hôtel Drouot. Contrairement à la vente de 1992, un cachet fut créé en 1995. Celui-ci se retrouve placé sur le châssis au revers du Banquet sanglant du marquis Fabrice.

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