Attribué à Paul DUQUEYLAR (1771-1845)

La Calomnie dévoilée, vers 1800
Huile sur toile
57 x 78,5 cm

Vendu

La scène est étrange et son sujet ne semble pas vouloir s’offrir. Au centre, un jeune homme qui ressemble au célèbre acteur Talma soulève d’une main le voile bleu d’une furie monstrueuse sortant d’une grotte en carton-pâte et de l’autre, protège un vieil homme à la face homérique. À ses pieds sur la gauche, une jeune fille est effrayée et plus à droite, un jeune garçon parle à l’homme assis. Au sol, des lances brisées jonchent la terre. Tout ici évoque le théâtre et ses accessoires : le fond en rideau de scène à peine esquissé, les arbres sans épaisseur, les personnages aux poses outrées et aux costumes à la mode antique. La furie apparaît comme une allégorie de la calomnie et semble conférer au sujet une connotation morale ou politique.

Stylistiquement, l’œuvre présente de forts contrastes entre l’élégance des deux visages masculins et l’aspect plus hiératique des décors et des autres figures. À la toute fin du XVIIIe siècle, l’atelier du peintre Jacques-Louis David vit se développer en son sein une confrérie d’artistes aux rituels sectaires, appelés Les Barbus. Ces artistes, au nombre d’une petite dizaine, s’étaient donné pour objectif de radicaliser la peinture néoclassique en vogue dans l’atelier de leur maître, en s’inspirant des vases grecs et en puisant leurs sujets dans les mythes d’Homère et d’Ossian. Certains éléments de cette peinture permettent de la rapprocher des œuvres de l’un d’entre eux : Paul Duqueylar.

Le style de cet artiste originaire de Digne nous est connu grâce à plusieurs peintures d’un format très ambitieux. Celles exposées au musée Granet d’Aix-en-Provence nous offrent un bon exemple de sa “manière”. Les personnages aux morphologies improbables sont marqués par un allongement excessif ;  la technique picturale souvent approximative s’appuie sur des contrastes outrés de couleurs et de lumières. Issu d’une famille très aisée, Paul Duqueylar participa régulièrement au Salon sans nécessité de vente ou de reconnaissance. Il devint correspondant pour l’Institut de France et finit ses jours près de Lambesc dans son château de Valmousse où il reçut régulièrement le peintre François-Marius Granet.

 

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