Antoine-Jean GROS (1771-1835)

Louis XVIII et sa nièce, la duchesse d’Angoulême, vers 1814-1824 
Pierre noire, mine de plomb et craie blanche sur papier préparé
42,5 x 36,5 cm
Annoté en bas à gauche 4
Provenance : vente de l’atelier de l’artiste, Paris, le 23 novembre 1835, sous le numéro 37 : « Louis XVIII et Mme d’Angoulême, dessin rehaussé de blanc, groupe de la coupole.» 

L’église Sainte-Geneviève, qui avait pendant la période révolutionnaire été transformée en Panthéon des Grands Hommes, devait retrouver sa destination religieuse en 1806. Sur la recommandation de Dominique-Vivant Denon, Napoléon commande en 1811 au peintre Antoine-Jean Gros une peinture pour la coupole représentant l’apothéose de sainte Geneviève. Ancien élève de David, Gros est alors l’un des peintres les plus célèbres de France. Selon le programme arrêté, le décor entourant l’évocation de la sainte devait être composé de quatre groupes symbolisant les dynasties qui se sont succédé en France. Napoléon accompagné de sa seconde épouse Marie-Louise et de son fils le roi de Rome forment l’un de ces groupes aux côtés de Clovis et Clotilde, Charlemagne et Hildegarde et de Saint Louis associé à Marguerite de Provence. Dans cette œuvre, les Bonaparte sont présentés comme les successeurs et les égaux des Mérovingiens, des Carolingiens et des Capétiens. Une esquisse, conservée au Petit-Palais à Paris, permet de se faire une idée précise du décor original. 

À la chute de Napoléon, le ministre de l’Intérieur demande à Gros, le 16 avril 1814, de suspendre son travail dans l’attente de nouvelles instructions. Dès le 21 juillet, le peintre propose deux solutions pour remplacer la famille de l’Empereur déchu : Louis XVI accompagné de son épouse et de son fils, ou Louis XVIII qui vient de monter sur le trône. Le ministre choisit la seconde option en précisant que le nouveau roi serait accompagné de sa nièce, la duchesse d’Angoulême. Pour définir son motif, Gros réalise plusieurs études sur papier. L’une d’entre elles, récemment découverte, tracée à la craie blanche et à la pierre noire sur une feuille préparée en brun, montre le souverain, paré des regalia, ceint de la couronne de France et vêtu d’un ample manteau fleurdelisé. La fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, sous sa protection, est habillée selon la mode de l’époque d’une robe légère serrée sous la poitrine. Quelques traits en haut à droite esquissent un génie qui d’une main tient un nimbe au-dessus de la tête du roi. 

Interrompus par l’épisode des Cent-Jours, les travaux de modification peuvent reprendre le 29 juin 1815. Terminées en 1824, les peintures définitives de la coupole montrent quelques changements mineurs et ajouts par rapport à cette étude : la duchesse tourne la tête pour regarder vers son oncle et le duc de Bordeaux, fils du duc de Berry, né en 1820, prend la place du roi de Rome. Dans les cieux, Louis XVI, Louis XVII et Marie-Antoinette observent désormais la scène. Charles X, qui venait de succéder à Louis XVIII, visite l’ensemble des peintures avant qu’elles ne soient découvertes par le public et s’en montre très satisfait. À cette occasion, il honore Gros du titre de baron, forgeant son nom d’artiste pour la postérité. Une toile du peintre Louis Nicolas Lemasle, conservée au château de Versailles, illustre cet épisode. 

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