La Défense du drapeau ou Épisode des guerres du Ier Empire,1832
Aquarelle et gouache sur papier
21 x 15,5 cm
Signé et daté en bas à gauche Léon Cogniet 1832
Provenance : vente ancienne non retrouvée « n° 43, La Défense du drapeau, aquarelle », selon une étiquette au dos
Vendu
Compagnon de Delacroix et de Géricault dans l’atelier de Pierre-Narcisse Guérin, Léon Cogniet remporte le Prix de Rome en 1817 puis se rend en Italie. De retour en 1822, il connaît un succès grandissant sous la Restauration puis sous la monarchie de Juillet. Au Salon de 1831, le peintre expose deux toiles formant pendant : Le Polonais porte-étendard : Paris 1814 et L’Officier polonais : Praga 1831. Chacune de ces compositions est répétée par l’artiste à l’aquarelle dans des formats plus réduits. L’année suivante, dans la même thématique, il réalise une autre toile titrée Épisode des guerres du Ier Empire, aujourd’hui conservée au musée des Beaux-Arts d’Orléans. La scène, une nouvelle fois déclinée à l’aquarelle, représente un soldat polonais défendant le drapeau français. Le héros, un officier, se tient debout au centre de la composition. Son épée dans une main et le drapeau tricolore dans l’autre, il fait barrage de son corps pour protéger un soldat français blessé allongé sur le sol. À l’arrière-plan, quelques silhouettes et de la fumée évoquent le champ de bataille.
L’État polonais avait disparu en 1795 lors du partage de la Pologne entre la Russie, la Prusse et l’Autriche. En 1807, Napoléon rétablit un nouvel État polonais sous tutelle française à partir des territoires annexés par la Prusse et l’Autriche mais laisse la Russie conserver la totalité de ses possessions antérieures. Les soldats polonais se battent alors aux côtés des armées impériales contre le reste de l’Europe. Après la chute de l’Empire en 1814, le congrès de Vienne donne l’intégralité des terres polonaises à la Russie, le tsar Alexandre Ier recevant le titre de roi de Pologne. Privant peu à peu le peuple polonais des droits établis par la constitution de 1815, l’occupation russe provoque tout au long des années 1820 des tensions et des soulèvements populaires. La répression russe grandissante conduit à l’insurrection du 29 novembre 1830 qui évolue vers huit mois de guerre et s’achève par la défaite des Polonais en septembre 1831.
Le sort de la Pologne suscite l’indignation internationale. À Paris, de nombreux comités de soutien s’organisent. Le Comité central français en faveur des Polonais, présidé par le général La Fayette, fédère de nombreuses personnalités de la génération romantique. Le sculpteur David d’Angers, le journaliste Casimir Delavigne, ou encore Victor Hugo y adhèrent et reprochent rapidement au roi Louis-Philippe son absence de soutien à la cause polonaise. Léon Cogniet est alors l’un des artistes qui attire, par ses œuvres, l’attention des autorités sur la dette française vis-à-vis des Polonais.